Focus : penser la mixité dans l'organisation de la cour de récréation


Chris BLACHE, Coordinatrice Genre et Ville


Présentation


Je vais développer l'exemple du projet de réaménagement, mené par Genre et Ville, dans la cour de l'école La Cerisaie à Villiers-le-Bel. Je souligne au préalable l'intérêt d'intervenir dans un petit espace circonscrit, tel que celui d'une cour de récréation. Cela permet en effet de rendre très visibles les dynamiques de mixité et ainsi de communiquer plus facilement avec les élus sur cette question.

La première étape du projet a consisté à recueillir les expériences des enfants. Nous leur avons demandé, à l'oral et par groupes non mixtes, quelles étaient leurs activités favorites dans la cour de récréation. Du côté des garçons, cette verbalisation a mis en évidence le poids d'une masculinité hégémonique, avec des réponses tournant quasi exclusivement autour du football et du sport. En revanche, du côté des filles, les réponses apportées étaient beaucoup plus variées. Les filles ont également exprimé un besoin de récupérer de l'espace.

Dans un second temps, les enfants se sont rendus dans leur cour de récréation et ont indiqué à la craie, individuellement, les activités qu'ils aimaient faire, ou souhaitaient pouvoir pratiquer, dans les espaces de leur choix. C'est lors de cette seconde étape que les réponses ont été les plus diversifiées. Nous avons par exemple relevé : « je vais là quand je suis triste », « on danse », « on fait la course », « on discute ».

Enfin, ces divers usages ont été mis en commun, pour réfléchir à la possibilité de les réunir au sein d'un même espace de récréation. Nous avons identifié deux grandes catégories, celle des activités rapides et celle des activités lentes. Il semblait dès lors judicieux de prévoir, dans la cour, des espaces adaptés à ces deux types d'activités.

Néanmoins, ce projet de rénovation se solde selon moi par un échec, principalement pour deux raisons.

La première est que les réaménagements prévus dans la cour de récréation n'ont pour l'heure pas été finalisés et que l'attente engendrée chez les enfants n'est donc pas satisfaite.

Le second aspect de l'échec du projet réside dans la position, davantage passive que proactive, adoptée par l'équipe pédagogique, au contraire de l'exemple du Peyrouat. De nouveau, nous retrouvons ainsi la nécessité de réunir les deux « A », l'aménagement et l'accompagnement, pour faire aboutir durablement ce type de projets.


Échanges avec la salle


Audrey GARROUSTE, membre de la Ligue de l'enseignement Seine-Saint-Denis

Vous avez mentionné le fait que les garçons, interrogés au sujet de leurs activités favorites, ont cité des jeux beaucoup moins variés que les filles. Pour prolonger cette réflexion, serait-il judicieux d'imaginer que les « coins jeux » des crèches et des maternelles soient décloisonnés, afin d'éviter une organisation de type « coin dînette », « coin poupée », etc ?

Yéléna PERRET

Un effort de réaménagement des espaces de jeux a été réalisé dans les crèches municipales d'Aubervilliers. Désormais, par exemple, un « coin maison » rassemble à la fois un garage et des poupées. L'effet positif sur la mixité des tout-petits a pu être directement observé.

Dominique POGGI

Les jeux et jouets constituent en effet un enjeu de taille pour la mixité. Je signale à ce propos une séquence édifiante dans le film « La domination masculine ».

Chris BLACHE

Je signale une initiative remarquable de l'association Jouer pour Vivre, qui a importé d'Angleterre le concept de la « Boîte à Jouer ». Il s'agit de mettre à la disposition des enfants une sorte de bric-à-brac d'objets à la fonction indéfinie, tandis que les adultes interviennent le moins possible. Les enfants se montrent tout d'abord déroutés ; puis dans un second temps s'approprient le matériel. Ils élaborent ainsi des stratégies de coopération mixtes, leur permettant d'imaginer ensemble des fonctions pour ces objets.

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