Mot de bienvenue


Elisabeth DAILLY, Maire d’Étréchy

Bonjour à toutes et tous, je suis ravie de vous accueillir pour cette réunion, dans cette petite ville de l’Essonne du Sud qu’est Étréchy, un petit bourg entre ville et campagne.

Trois élus et élues de mon équipe participent à cette journée, et je suis moi-même élue depuis trois mandats, en tant que conseillère municipale, maire adjointe puis maire. Et c’est grâce à la loi sur la parité, comme quoi cette loi a permis à nous, les femmes, d’être présentes dans les institutions politiques.

Étréchy appartient à la communauté de communes «Entre Juine et Renarde», dont environ la moitié des communes ont élu des femmes aux postes de maires.


Isabelle PERDEREAU, Vice-présidente du Centre Hubertine Auclert, conseillère régionale Île-de-France

Le Centre Hubertine Auclert est un centre de ressources qui travaille sur l’égalité femmes-hommes. Je suis très heureuse d’être la vice-présidente de cet organisme, dont la présidente, Marie-Pierre Badré, est certainement l’élue qui a l’étendard le plus important sur cette question de l’égalité femmes-hommes à l’Assemblée Nationale.

Moi-même élue de la ruralité, j’ai toujours habité à la campagne, mon père fut élu pendant 36 ans dans un petit village. Et j’ai compris petit à petit le devoir que j’avais de soutenir les femmes dans la ruralité, parce que c’est parfois compliqué : les transports sont un frein, aller travailler demande plus de temps, dans les petites communes il n’y a pas toujours de halte-garderie ou de crèche pour garder les enfants et quand il n’y a pas de parents pour aider cela peut devenir extrêmement difficile.

Comment s’impliquer dans la vie locale ? J’ai entendu beaucoup de femmes me dire « Est-ce que j’en suis capable? », alors qu’un homme, lui, ne se posera pas la question. Pourtant, beaucoup de femmes ont des compétences, sont créatives, essaient de faire des choses autour d’elles ; elles vont assez facilement dans les associations quand elles peuvent se soulager des enfants, mais c’est encore souvent sur elles que reposent les charges du ménage.

On comprend encore plus la situation dans la ruralité : chez nous par exemple, il faut compter au minimum deux heures de transport pour aller travailler à Paris. À un moment, la femme décide de revenir plus tôt du travail pour aller chercher les enfants à l’école, pendant que son mari travaille plus longtemps et fini par obtenir un très bon travail, et la vie professionnelle des femmes évolue donc en dents de scie. Lors d’une récente étude sur la précarité des femmes, on s’était rendu compte que les plus précaires étaient celles qui avaient 70 ans, à cause de cette vie professionnelle en dents de scie, et des retraites en conséquence. Quand on entend parler d’un abandon possible de la reconversion des retraites, il y a de quoi bondir ! Il y a des femmes qui ne pourront même plus vivre dignement au quotidien… Quand un couple a travaillé et que la femme a laissé son mari avoir sa vie professionnelle, parce qu’elle élevait les enfants, tous les deux ont quand même travaillé, donc tous les deux ont le droit de percevoir une retraite.

On pourrait penser que le sujet de l’égalité femmes-hommes n’est plus un sujet, c’est ce que j’entends parfois. Quand j’ai été élue vice-présidente dans l’hémicycle, un élu d’un certain âge est venu me dire « Mais c’est quoi la différence entre l’égalité femmes-hommes et l’égalité hommes-femmes ? ». Je lui ai répondu : « Eh bien c’est la galanterie, parce que c’est tout ce qu’il te reste ! » Un peu de dérision et de mordant, pour répondre, c’est bien aussi, il faut que chacune d’entre nous soit l’ambassadrice de ces causes, pour faire évoluer les mentalités.

Mais les mentalités doivent évoluer chez les femmes aussi. Quand j’ai pris le parti de faire de la politique, des femmes sont venues me voir, en milieu rural souvent, pour me dire: « Mais ce n’est pas ta place ! ». Il y a donc encore un gros travail à faire, car si certaines femmes pensent toujours que la politique ne concerne pas les femmes, on n’y arrivera jamais ! On vit dans la ruralité, on assume notre vie, les enfants à déposer à l’école, le travail, les transports, le sport… Dans tous les aspects de la vie collective, les femmes doivent être représentées.

En 2017, il y avait 27 % de sénatrices, 48 % de conseillères régionales, mais seulement 18 % de présidentes de conseils régionaux ; 50 % de conseillères départementales mais seulement 10 % de présidentes de conseils départementaux ; 16 % de femmes maires et seulement 6 femmes maires d’une ville de 100 000 habitants. Donc, il y a encore beaucoup de travail à faire !

Les questions qui se posent:

  • La participation des femmes à la culture : 16 % de femmes au cirque, 31 % dans la danse, 27 % dans le théâtre, 1 % à peine parmi les compositeurs de musique, 4 % parmi les chefs d’orchestre… La présidente du Conseil régional Ile-de-France, Valérie Pécresse, a heureusement compris l’importance de traiter les difficultés à organiser des spectacles culturels dans les zones rurales. Une énorme augmentation de budget a permis de programmer des événements culturels dans la ruralité.
  • Le sport : on peut remarquer que les compétitions sportives des femmes sont beaucoup moins valorisées que celles des hommes. J’entends souvent des hommes qui admettent que le football féminin affiche une technicité qui fait que les matchs sont intéressants à regarder, mais pour autant, ces matchs n’ont pas autant d’impact que ceux de football masculin. Une étude sur l’impact des espaces sportifs dans l’espace collectif a permis de constater que certains espaces de sport sont surtout investis par les garçons, au détriment des filles, et cette réalité, les élus n’en ont pas forcément conscience.
  • Aujourd’hui les collectivités de plus de 100 000 habitants ont l’obligation de présenter un rapport annuel sur l’égalité femmes-hommes. Lors de sa présentation au conseil municipal, j’ai expliqué à mon maire qu’il serait quand même bien de ne pas rester au simple constat, et de réfléchir à des préconisations. On sait aujourd’hui par exemple qu’il y a des femmes en difficulté parce qu’elles ont des métiers précaires, des infirmières par exemple qui travaillent avec des horaires difficiles. Il y a énormément de choses à faire quant à ce rapport. Dans la ruralité, même si ce rapport égalité femmes-hommes n’est pas obligatoire, on sait être innovants : les femmes sont créatrices, tenaces, et petit à petit les choses vont changer.

C’est important pour les générations futures : les plus jeunes ont tendance à oublier les luttes des générations antérieures, ne serait-ce que le droit de vote. Quand je vois ces jeunes qui refusent d’aller voter, notamment des filles, cela m’interpelle, parce qu’il n’y a pas si longtemps voter était un droit exclusivement masculin, travailler était possible seulement avec la permission du mari, de même qu’avoir son propre compte en banque, etc. Il ne faut pas oublier tout cela, et rester vigilant.

Et pour terminer, je voulais remercier quelqu’un qui est dans la salle aujourd’hui, et qui m’a beaucoup aidé dans mon combat : mon fils.

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