Paticipation à la vie culturelle


Eric DALIZON, Délégué général de Cinessonne

L’histoire de Cinessonne est avant tout l’histoire de cinémas de l’Essonne : on a commencé à se construire là où les salles existaient déjà, c’est-à-dire dans le Nord du département. Ces salles ont la particularité d’être dans les centres-villes et d’être des salles de spectacle. On est évidemment dans la distraction et le spectacle, mais avant tout avec un œil attentif sur l’originalité des programmations et des films et un soin particulier apporté à la diversité. Bref, c’est un programme avec une ambition culturelle.

Site internet de Cinessonne

En 2004, Itteville qui travaillait jusqu’ici en partenariat avec Ciné 220, à Bretigny-sur-Orge, pour organiser des séances de cinéma, nous a sollicités pour prendre la relève du projet de cinéma itinérant. Avec le Conseil régional de l’Essonne, nous avons étudié la faisabilité d’un cinéma itinérant, mais contrairement aux circuits déjà existants, purement commerciaux, sur une base plus culturelle et plus conviviale que la simple « consommation » de films. Se déplacer sur le terrain du cinéma itinérant, c’était aller à la rencontre des villes et comprendre où il y avait un besoin et comment mettre en place un circuit qui soit proche des gens, en sachant que le territoire est immense et que d’aller d’une petite commune à l’autre exigeait toute une organisation.

Nous avons 25 lieux aujourd’hui qui accueillent le cinéma itinérant, avec le soutien du Conseil départemental de l’Essonne. Les projections sont déterminées avec la ville ou avec une association locale. Le programme va du court-métrage au long-métrage, en passant par le documentaire, accompagné de temps de convivialité entre spectateurs. Depuis 2004, l’activité totalise environ 90 projections par an. Certaines communes organisent trois projections par mois, d’autres seulement une par an, d’autres une fois tous les deux ans… En tout une quinzaine de communes participent au circuit.

La sélection des films n’est pas particulièrement pensée d’un point de vue de parité ou d’égalité, mais c’est forcément dans notre façon de programmer. On a la chance en France de produire environ 200 films par an, dont 70 premiers films, et la proportion de femmes réalisatrices est largement plus importante que ce qu’on voit au festival de Cannes. On a beaucoup de réalisatrices, et c’est vrai qu’on a cette richesse en France, il y a un regard qui est porté sur l’individualité, la parité, la diversité. Le rôle des salles n’est pas forcément de reproduire systématiquement quelque chose qui existe déjà, le cinéma des « bons mâles blancs européens », pour caricaturer à peine.

Il y a deux ans nous avions réalisé une enquête sur les pratiques culturelles du public, essentiellement sur le Nord de l’Essonne. Environ un millier de personnes ont été sondées : 65 % du public est féminin, et cela recoupe une tendance nationale. Par ailleurs, 45 % des spectateurs sont des retraités. Dans le Sud de l’Essonne, on pourrait tomber à peu près sur les mêmes pourcentages.

Pour la partie scolaire, les choses sont différentes. Je ne parle pas des séances demandées par des enseignants, mais des dispositifs d’éducation à l’image, qui existent depuis une trentaine d’années en France, qui ont été mis en place par deux ministères : l’Éducation Nationale et la Culture. Le dispositif concerne les écoles, les collèges et les lycées : les établissements et les enseignants s’engagent, sur la base d’un programme de films, à raison de trois films par an, avec tout un travail pédagogique autour de ces films. Nous participons à la sélection des films de l’année et à la mise en place des formations, et nous portons un œil assez attentif au fait que les élèves, chaque année, puissent avoir une réelle diversité dans le choix des films qu’ils pourront voir. Diversité sur les nationalités des films, des films classiques et des films contemporains, des genres cinématographiques variés, et aussi la représentation des femmes, des minorités, des diversités… L’idée est que le cinéma soit vraiment un reflet du monde.

Depuis deux ans, le festival du cinéma européen, en Essonne, remet un prix de l’Égalité, via un jury constitué d’acteurs et d’actrices associatifs et militants en Essonne, sur une sélection de courts-métrages européens. Les courts-métrages primés sont ensuite diffusés en première partie de la séance de cinéma itinérant, avant la diffusion du film, de façon à prolonger le regard sur le cinéma. À un moment donné, en partant d’une œuvre cinématographique, on a une parole qui est exprimée, qui permet de poser des questions et de lancer un débat, de faire réagir.

Avec la DRAC (direction régionale des affaires culturelles), nous sommes en train d’étudier la possibilité de mettre en place un programme « école et cinéma » dans les petites communes du Sud de l’Essonne, avec des projections de cinéma itinérant.

Dans le Nord, avec 14 cinémas, nous avons 10 directeurs et seulement 4 directrices. Dans notre propre équipe, nous sommes à parité, 4 hommes et 4 femmes. En revanche, il est vrai qu’il y a beaucoup de femmes dans l’activité associative cinématographique, dans les animations, les programmations, les réunions de travail…


Echanges avec la salle


Paul Daulny

Il est très fréquent de constater, dans le domaine de la culture, une grande proportion de femmes parmi l’ensemble des professionnels mais de retrouver beaucoup moins de femmes dans les instances de direction. Le ministère de la Culture publie des statistiques annuelles à ce sujet.

Sixième rapport de l'observatoire de l'égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication, 2018

Eric Dalizon

Quand j’ai fait ma formation de directeur d’équipements culturels, toutes les structures de théâtre que j’ai rencontrées étaient dirigées par des hommes. Il y a une évolution aujourd’hui, une autre histoire, un militantisme culturel qui fait bouger les choses, mais dans l’essentiel, ce sont des hommes qui sont aux postes de décision.

Isabelle Perdereau

Pour information, au Centre Hubertine Auclert, on a mis en place un concours avec des jeunes de moins de 25 ans, qui deviennent producteurs de films sur le thème de l’égalité femmes-hommes. On a des productions de très bonne qualité, avec des moyens dérisoires, et ces jeunes reçoivent des prix. Je souhaiterais que les films qui sont primés, chaque année, puissent aller, par exemple, dans les centres pour la jeunesse au sein des communes rurales, ainsi que dans les écoles. L’an dernier, nous avons primé un film muet, très visuel, qui était aussi à la portée des jeunes en situation de handicap.

Les lauréats de l'édition 2017 de "Ton court pour l'égalité" du Centre Hubertine Auclert

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