Retrouver le sentiment de sécurité


Présentation de l’enquête « Victimation et sentiment d’insécurité en Île-de-France » de l’IAU


Hélène HEURTEL, Mission Prévention Sécurité de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France (IAU)

Les enquêtes de victimation sont un matériau complémentaire aux statistiques officielles sur la délinquance. Elles apportent en particulier un éclairage précieux sur les conditions de sécurité des habitants. Deux aspects sont pris en compte : le sentiment d’insécurité et la victimation (atteintes subies). Les données recueillies permettent des analyses par âge, sexe et territoire.

La seule enquête réalisée à l’échelle régionale en France est menée depuis 2001 en Île-de-France, tous les deux ans, à partir d’un questionnaire relativement stable. 10 500 répondant-e-s y participent. La dernière version de l’exercice date de 2015 – l’enquête de 2017 est en cours d’exploitation.

Présentation powerpoint d’H. Heurtel

L’enquête de 2015 repose sur les réponses de 5 560 femmes et 4 952 hommes. Les indicateurs couvrent trois champs : le sentiment d’insécurité, les victimations et la perception du quartier.

Les femmes sont bien plus confrontées aux problèmes d’insécurité que les hommes, tant du point de vue de la victimation que du sentiment d’insécurité. En outre, l’écart est particulièrement édifiant sur ce second plan. Il faut savoir néanmoins que le sentiment d’insécurité n’est pas forcément corrélé aux victimations. Des femmes préservées dans les faits peuvent se sentir en insécurité, mais l’inverse est possible également. Les femmes sont plus victimes que les hommes de vols, agressions sexuelles et agressions par des proches. Le constat persiste depuis 2001. Les femmes tendent par ailleurs à réagir différemment des hommes à une agression. Notamment, une agression les incite plus facilement à prendre des précautions durables et les conduit plus fréquemment que les hommes à ressentir une peur persistante.

Par ailleurs, les femmes ont deux fois plus peur à leur domicile que les hommes, et trois fois plus peur dans leur quartier le soir que ces derniers. 6,6 % des femmes n’osent pas sortir le soir dans leur quartier, par peur, contre 0,7 % des hommes. Dans les transports en commun, le constat est identique : les femmes sont plus sujettes à la peur, ce qui peut causer un frein important.

Hélène Heurtel et Aboubacar Sylla, « Enquête victimation et sentiment d’insécurité : les spécificités de genre », Note rapide de l’IAU, n° 722, juin 2016.

Quant à la perception du quartier, les femmes sont globalement satisfaites de leur quartier, de façon comparable aux hommes. Ainsi, elles ne souhaitent pas plus qu’eux quitter leur quartier. Néanmoins, quand elles le souhaitent, cette envie est plus souvent liée que chez les hommes au sentiment d’insécurité.


Echanges sur l’enquête


Charlotte GROPPO, service du droit des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes

L’enquête est-elle similaire à celle de l’INSEE, ce qui permettrait d’établir des comparaisons nationales ?

Hélène HEURTEL

Non, les deux enquêtes sont très différentes, ce qui ne facilite pas la comparaison. Notre enquête est plus ancienne. Il faut savoir que l’enquête nationale est conçue largement pour compléter les statistiques policières, ce qui n’est pas le cas de notre outil, lequel vise à mieux connaître les conditions de vie de la population sous l’angle de la sécurité.

Madame LECOQ, Direction de l’urbanisme de Strasbourg

Quelles tendances constatez-vous ?

Hélène HEURTEL

Nous relevons une tendance commune aux hommes et aux femmes : l’augmentation des vols sans violence et des agressions tout venant.

Une journaliste, étudiante à Gennevilliers

De quoi les femmes ont-elles peur ? Ont-elles les mêmes peurs à Paris et en banlieue ? Existe-t-il une typologie des peurs féminines ?

Hélène HEURTEL

La question du territoire fait partie de nos approches. Un rapport est en cours de finalisation à ce sujet. Entre Paris et la petite couronne, le comportement et les réactions diffèrent. Cependant, le territoire périurbain est très hétérogène, tandis que Paris est clairement un espace particulier, où les habitants sont ceux qui subissent le plus d’atteintes personnelles, mais où le sentiment d’insécurité est le moins élevé.

Hervé FUCHSMANN, Chef de projet Politique de la Ville & Politiques contractuelles à Romainville (EPT Est Ensemble)

Dans vos études, faites-vous un lien entre sécurité et rénovation urbaine – qu’il soit positif ou négatif ?

Hélène HEURTEL

L’enquête « victimation » n’apporte pas d’informations à ce sujet, mais je peux vous renvoyer vers les travaux de la Mission prévention sécurité de l’IAU Île-de-France.

Valerya VIEIRA, étudiante

Le harcèlement sexiste est-il pris en compte dans vos indicateurs ?

Hélène HEURTEL

Il n’est pas pris en compte spécifiquement. Néanmoins, les agressions tout venant regroupent tant des agressions physiques que des agressions verbales et des menaces. Il s’avère que les agressions déclarées par les femmes sont plus souvent des violences verbales et celles déclarées par les hommes sont plus souvent des violences physiques.

Amélie VIDEAU, Mairie de Nanterre

Les femmes se sentent plus en insécurité d’après votre enquête, mais ne perçoivent pas plus négativement leur quartier que les hommes. Comment l’expliquer ? Subissent-elles une injonction sociale à avoir peur où se sentent-elles plus en sécurité dans leur quartier ?

Hélène HEURTEL

Non. Elles sont nombreuses à avoir peur dans leur quartier le soir. Il est clair que ces résultats ont un caractère paradoxal.

De la salle

La dimension individuelle devrait être prise en compte. Nombre de femmes ne rapportent pas les situations de harcèlement qu’elles subissent, ce qui pose la question de l’exactitude des chiffres.

Hélène HEURTEL

Contrairement à la statistique policière qui ne repose que sur le dépôt de plainte des victimes, les enquêtes permettent d’atteindre des personnes qui n’ont pas signalé les violences qu’elles ont subies. Même si notre enquête n’est sans doute pas exhaustive, elle est relativement complète.

De la salle

Comment contactez-vous les répondant-e-s à l’enquête ?

Hélène HEURTEL

Nous faisons appel à un prestataire recueillant les réponses par téléphone, au cours d’un entretien de 22 à 26 minutes.

Marie-France CASALIS, Collectif féministe contre le viol

Je constate que 6 % des hommes ont peur à la maison, ce qui m’a étonné dans un premier temps, mais il s’agit sans doute de mineurs.

Hélène HEURTEL

En effet. Nous aurons besoin, dans le temps, d’éclairages plus précis en fonction des âges. Des travaux existent déjà sur les personnes âgées en général et l’insécurité.

Paul DAULNY

Pour poursuivre la réflexion, je laisse la parole à Anne-Charlotte JELTY, à qui nous avons demandé d’expliquer les problèmes que rencontrent les femmes lorsqu’elles déposent un recours contre le harcèlement qu’elles subissent dans l’espace public.


Les obstacles aux recours des femmes contre le harcèlement


Anne-Charlotte JELTY, Directrice du CIDFF de Nanterre

L’Île-de-France compte 11 CDIFF, des associations départementales dont la mission est de favoriser l’accès aux droits, de promouvoir l’égalité et de lutter contre toutes les formes de violence. Nous sommes plutôt spécialisé-e-s sur les violences conjugales, mais nous intervenons aussi beaucoup sur le harcèlement à l’école et le cyberharcèlement, des sujets reliés à ceux qui nous occupent aujourd’hui.

Dès la sixième, des jeunes filles nous font savoir qu’elles subissent le harcèlement sur le chemin de l’école, dans les bus scolaires ou de la RATP. Plus grave encore, il n’est pas rare qu’elles subissent des attouchements sur leur poitrine ou leurs fesses, gestes qui constituent des agressions sexuelles. L’expression « harcèlement de rue » est assez récente en Europe. Elle a fait son apparition dans les années 2000.

Une étude de l’IAU montre que six femmes sur dix craignent une agression sexuelle ou un vol dans les transports, contre trois hommes sur dix. Selon un rapport du Haut-Conseil à l’égalité datant de 2015, 100 % des femmes utilisant les transports en commun y ont connu au moins une fois une agression sexiste ou sexuelle. Dans au moins 50 % des cas, la première occurrence se situe avant leurs 18 ans, ce qui soulève les questions du droit à la sécurité, de la mobilité des femmes, de l’éducation à la mixité et du partage des espaces. Le harcèlement de rue renvoie aussi à la problématique du contrôle du corps et de la sexualité des femmes. Il n’est pas question, sous le prétexte qu’elles ne seraient pas légitimes à se trouver dans la rue, de les reléguer à leur domicile, là où justement, se concentre la majorité des violences les plus graves qu’elles subissent, sous la forme du viol, de l’inceste et des maltraitances.

Cependant, sur le plan juridique, le harcèlement de rue n’est pas reconnu en tant que tel. Ce manque provient sans doute du fait que la notion recouvre de nombreux comportements : sifflement, regard insistant, commentaire sur le physique ou la tenue vestimentaire, présence envahissante, injure, interpellation intrusive sur la vie sexuelle, frottement, exhibition… ceci jusqu’au viol. Un certain nombre de ces comportements sont néanmoins visés par la loi. C’est le cas par exemple de l’injure publique à caractère sexiste, de la menace de commettre un crime ou un délit à l’encontre d’une personne : « Je vais te baiser », « Je vais te tuer »…, ou bien de l’exhibition sexuelle, du harcèlement sexuel – qui suppose la répétition du comportement incriminé, ce qui n’est pas sans poser problème lorsque le harcèlement intervient dans la rue. D’une part, les harceleurs de rue sont souvent en groupe, alors que l’inculpation de harcèlement ne peut viser qu’un individu donné. D’autre part, le caractère répétitif ne sera pas forcément évident si le harcèlement, quoiqu’insistant, ne concerne qu’un court trajet, par exemple. C’est pourquoi la notion a été étendue, étant assimilée au fait, même non répété, « d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle ». Pour tous les comportements qui viennent d’être évoqués, lorsque les victimes sont des mineur-e-s de moins de 15 ans, une circonstance aggravante est constituée.

Quant à l’agression sexuelle, elle recouvre par exemple les frottements et mains aux fesses. Le fait de contraindre une personne à subir une atteinte sexuelle par un tiers est également réprouvé par la loi. En fin de compte, l’association Stop au harcèlement de rue propose sans doute la définition la plus large du harcèlement de rue en regroupant tous les « comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics visant à les interpeller verbalement ou non, leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle ».

Pour autant, nombre de freins à la reconnaissance de la situation de harcèlement existent. Comment identifier l’auteur ? Quel élément de preuve apporter, en l’absence de témoin ou de vidéosurveillance ? Comment établir des gestes, par nature discrets ou furtifs pour certains d’entre eux ? C’est enfin la banalisation du harcèlement des femmes au sein d’une société inégalitaire qui pose problème. Les femmes ont intégré ces comportements comme étant presque normaux. Même les auteurs de certains comportements répréhensibles n’ont pas l’impression d’être coupables ; certains d’entre eux seraient même probablement très surpris par les peines que la loi prévoit pour punir leur comportement.

Les petites filles grandissent dans une société qui a banalisé les violences, car elle instrumentalise le corps des femmes. Dès le plus jeune âge, elles entendent que les garçons « aiment bien toucher », « aiment bien regarder », et que ceci est « normal ». Leur corps est d’emblée présenté comme un objet du désir et du regard masculins. Dès l’école, des jeux sont banalisés. Ainsi, les garçons soulèvent les jupes des filles dans l’indifférence quasi générale. Au collège, ces dernières subissent des agressions sexuelles, puisque les garçons peuvent leur toucher les seins ou les fesses sous le regard des adultes, sans que personne ne réagisse. Une fois devenue grande personne, comment une femme peut-elle être amenée à penser que ce qui était banalisé au plus jeune âge est devenu répréhensible ? Au final, l’extérieur est dangereux pour les femmes, et chacune l’intègre dans son comportement, sa tenue, sa fréquentation de certains espaces publics, etc.

Quoi qu’il en soit, des mesures concrètes pourraient être prises, en particulier à travers l’éducation, qui est au cœur du problème, puisqu’elle est le vecteur incontournable de l’évolution des mentalités. Il en va aussi, par exemple, de la disposition de systèmes de vidéosurveillance et de l’emploi d’équipes mobiles pour coincer les « frotteurs » dans les transports publics. La formation et la sensibilisation des magistrat-e-s sont aussi nécessaires.

Il existe aussi une application nommée « HandsAway », permettant aux victimes de géolocaliser une agression ou un harcèlement, qui représente une autre piste de réflexion. En revanche, l’application « Mon chaperon », disponible via Facebook, suit une tout autre logique, essentiellement sexiste. Ainsi, il est proposé à une jeune femme se sentant en insécurité la nuit de « commander » une personne présente dans les parages pour la raccompagner à son domicile. L’exercice de ce service, éventuellement payant, est un indicateur assez inquiétant de l’état de notre société. Nous souhaitons à cette application un destin funeste.

En Belgique, en mai 2014, une loi a été votée afin de lutter contre le harcèlement. Elle punit d’un an d’emprisonnement et d’une amende pouvant atteindre 1 000 euros qui se rendrait coupable de « tout geste ou comportement public ayant manifestement pour objet d’exprimer un mépris à l’égard d’une personne en raison de son appartenance sexuelle ou de la considérer pour la même raison comme inférieure, comme réduite essentiellement à sa dimension sexuelle, et qui entraîne une atteinte grave à sa dignité ».

Le texte de l’intervention d’Anne-Charlotte Jelty, directrice du CIDFF de Nanterre

Isabelle PERDEREAU, vice-présidente du centre Hubertine Auclert

Hier soir, une femme m’a contactée car sa fille, sortant du lycée, a subi une menace de mort en tant que « femme blanche ». L’agresseur lui a ensuite craché dans les cheveux et au visage, et personne n’a esquissé de réaction dans le bus. Cette jeune femme a voulu porter plainte à Évry. On lui a expliqué que ce n’était pas possible car il ne s’agissait que d’une « incivilité ». Il faudra donc former dans les commissariats. Aujourd’hui, la famille concernée subit un sentiment anxiogène très fort, car la jeune fille en question prend ce transport au quotidien.

Marie CERVETTI, directrice du FIT, une femme, un toit

Vous connaissez tous l’émission de Monsieur HANOUNA qui défraie la chronique, ainsi que la vigueur de la réaction nationale suite aux récentes frasques homophobes de ce dernier. Vous vous souviendrez aussi sans doute, par contraste, de l’absence de réaction lorsque l’animateur avait contraint un de ses chroniqueurs sur le plateau à embrasser une femme et lui toucher les seins. Dans le même genre, nous avons filmé une jeune fille habillée d’une jupe très courte dans le troisième arrondissement. Un monsieur bien mis s’est littéralement jeté par terre pour filmer sous sa jupe. Quand nous nous sommes adressés à la police, il nous a été expliqué que lutter contre ce type d’incidents était loin d’être une priorité. Nous pourrions multiplier les exemples. Celui de Monsieur HANOUNA me semble particulièrement révélateur.

Catherine PETIT, conseillère aux Droits des femmes de la Secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes

Pour compléter votre propos, la dernière « affaire HANOUNA » a suscité 20 000 signalements au CSA contre 4 ou 5 000 s’agissant de la jeune femme embrassée contre son gré, soit un rapport d’un à quatre.

Samir AMZIANE, collaborateur de Pascale LABBÉ, Conseillère départementale déléguée chargée de l’égalité femmes-hommes et de l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes, Conseil départemental de Seine-Saint-Denis

Pour se défendre, Monsieur HANOUNA a expliqué que son comportement n’avait rien d’homophobe, car la même chose avait été faite à une femme. Telle est l’éloquence de sa défense.

De la salle

J’ai essayé de faire entrer l’autodéfense pour les jeunes filles dans un collège, dans l’idée qu’une fille qui se sent plus forte a moins peur, et qu’une jeune fille ne montrant pas de peur court moins de risques que les autres de subir des embêtements. Le problème a été de faire accepter une formation non-mixte.

Concernant la formation encore, mais des adultes cette fois, au collège, une jeune fille s’est plainte à un surveillant parce qu’un garçon lui avait touché les seins. Le surveillant n’a pas réagi au motif que cette jeune fille « se laissait toucher les seins par d’autres », ce qui pour lui, équivalait visiblement à une forme de consentement.

Anne-Charlotte JELTY

La formation des professionnels est très importante. Parfois, certains éducateur-trice-s rétorquent lorsqu’on les confronte à leur absence de secours à une jeune victime : « la gamine a rigolé », comme si la peur d’être exclue du groupe ou celle de subir des violences encore plus fortes en cas d’opposition à l’agresseur ne pouvait exister.

De la salle

Le système patriarcal banalise la violence faite aux femmes. Il découle d’une inégalité de genre systémique. Je prône néanmoins une analyse intersectionnelle, qui fasse intervenir l’âge, une éventuelle situation de handicap – par exemple… dans le cadre de la réflexion sur les différences de réaction des victimes en fonction de divers facteurs.

Cela étant dit, je souhaite que l’on cesse de concevoir systématiquement les femmes comme des victimes. Celles-ci ont le droit de sortir le soir, de mettre des jupes courtes, et surtout, d’être actrices du changement.

Pascale LAPALUD, Urbaniste-Designeure. Co-fondatrice et Présidente de Genre et Ville

La réponse est systématiquement la même : banaliser les violences, victimiser les femmes et développer l’arsenal sécuritaire, lequel comporte une charge symbolique masculine guerrière très forte. Les femmes doivent s’emparer de la question de l’égalité, et demander des mesures positives, à même de garantir leur liberté, plutôt que systématiquement plus de caméras et d’armes.

Marie-France CASALIS, Collectif féministe contre le viol

Je suis d’accord : investissons sur les causes réelles et pas uniquement dans des caméras.

Chris BLACHE, ethnosociologue, co-fondatrice de Genre et Ville

Certaines actions peuvent avoir une influence forte. Dans la cour d’école, les filles – ou en général, tous ceux et celles qui ne répondent pas aux critères de l’univers normatif du mâle dominant – apprennent très tôt des limites, et savent là où elles sont en insécurité. Cela montre que l’espace doit être travaillé. Faut-il supprimer le foot dans les cours d’école ?

Quoi qu’il en soit, il faut reprendre les zones exclusives aux hommes, ceux où ils s’habituent à exercer leur pouvoir sans contrainte : terrains de foot urbains, terrains de pétanque… Je ne veux pas du statut de victime auquel on cherche sans cesse à me ramener. Je préfère être une actrice du changement et du remodelage de l’espace public. Pour ceci, il faut notamment désapprendre les limites. De leur côté, les garçons apprennent très jeunes à transgresser. Les femmes sont pour leur part maintenues dans des limites étroites ; ainsi, même leur transgression est modeste.

Christelle FRANÇOIS, Sangs mêlés

En Bretagne ou ailleurs, on voit ces cafés de pays, où il n’est pas obligatoire de consommer, où des jeux sont à disposition de tous, ainsi qu’un coin enfants, un coin épicerie, etc. Ces établissements sont fréquentés par une assemblée des plus mixtes, où la société se retrouve.

Amélie VIDEAU, Mairie de Nanterre

Le thème des stéréotypes, notamment dans les comportements masculins, me fait penser qu’il faudra aussi parler des hommes, qui expriment leur virilité dans la rue car ils ne parviennent pas à l’exprimer ailleurs ou autrement, et pour certains, se sentent exclus dans nos villes. La question ne saurait être oubliée, car elle est sans doute une des clés de notre débat.

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